Intervention de Sylvia Tingiridou, du Conseil cypriote pour la Paix, à la conférence pour la paix et anti-OTAN organisée par le groupe de la GUE/NGL au Parlement européen.
2-3 juin 2016, Parlement Européen, Bruxelles
"Très justement le fait a été noté que c'est un miracle si l'humanité a été administrée pour éviter jusqu'à présent un épisode de guerre nucléaire. Si un tel épisode prenait place, il ramènerait la planète à l'âge glaciaire. Il est vrai que la menace nucléaire n'a jamais arrêté les peuples du monde à s'y opposer. Au contraire, malgré les déclarations et les souhaits pour le désarmement nucléaire, les arsenaux nucléaires des pays puissants de la planète ont été maintenus et dans certains cas ont été renforcés.
L'alliance de l'OTAN porte la plus grande responsabilité de la situation actuelle. N'oublions pas que l'OTAN a été celle qui a rejeté, dans les années précédentes, les propositions soumises en faveur d'un désarmement nucléaire simultané, par la communauté des pays socialistes d'alors et les revendications du mouvement mondial pour la paix. Aujourd'hui, l'OTAN est structurée stratégiquement sur son arsenal nucléaire. le concept stratégique des Etats de l'OTAN que "la garantie absolue des Alliés est fournie par la stratégie des forces nucléaires de l'Alliance, particulièrement celles des Etats-Unis". A chaque occasion , l'OTAN réitère que "Tant que les armes nucléaires existent, l'OTAN restera une alliance nucléaire", sans jamais entreprendre tout pas pour mettre un terme à la présence des armes nucléaires sur la planète. Sans compter, la nature agressive de l'OTAN elle-même a besoin d'armes mortelles.
L'UE, malgré les déclarations et une rhétorique vide contre les armes nucléaires, est dotée de têtes nucléaires. Deux Etats du noyau dur de l'UE sont organisés comme des puissances nucléaires: la France - elle est estimée posséder autour de 300 têtes nucléaires opérationnelles et le Royaume Uni avec 215 têtes nucléaires, dont 150 avancées. De plus, sur le territoire de quatre Etats membres de l'UE (Allemagne, Pays-Bas, Belgique et Italie) des centaines d'armes nucléaires US (150-250 têtes nucléaires) sont déployées et ont pour cibles la Russie et le Moyen-Orient, alors que la Turquie, un membre dirigeant de l'OTAN et un candidat pour être membre de l'UE, héberge également sur son sol des armes nucléaires américaines.
L'ensemble de l'image est complétée par la situation au Moyen-Orient. Suivant l'accord sur le programme nucléaire de l'Iran, la situation est devenue claire. L'arsenal nucléaire d'Israël (il est estimé entre 80 et 250 têtes nucléaires, qui comprennent aussi des bombes au neutron et des armes biologiques) représente un danger mortel pour la paix, les peuples et l'environnement naturel dans le voisinage de la Méditerranée orientale. Il est important de souligner que ces armes sont en possession d'un Etat qui n'a pas signé le Traité de Non-Prilifération des Armes nucléaires et qui -au moins dans la région- est à blâmer pour les violations les plus nombreuses, systématiques et les plus brutales du droit international. Israël a maintenant retiré tout prétexte à l'Occident, qui pendant des années a porté ses regards sur les armes nucléaires en Iran et ailleurs dans le monde, mais sans voir l'arsenal nucléaire israélien au centre de cette région fragile et explosive du Moyen-Orient.
L'OTAN, essentiellement, offre immunité et protection à Israël de sorte que le monopole nucléaire d'Israël assure la supériorité militaire de l'Etat d'Israël et dés lors il peut poursuivre son occupation des territoires Palestiniens et l'agression contre les peuples du Moyen-Orient, et demeurera intact et intouchable. La récente décision de l'installation au quartier général de l'OTAN d'une délégation permanente montre une fois encore que les plans stratégiques des cetres impérialistes occidentaux se complètent les uns aux autres.
Ces plans et desseins cachent les confrontations aiguës et les énormes rivalités énergétiques, dont la cible est la région de la Méditerranée orientale et le Moyen-Orient. La Stratégie sécuritaire de l'UE en 2003 (qui parlait à ce sujet de " promouvoir un cercle d'Etats bien administrés à l'est de l'UE et sur la côte méditerranéenne; avec lesquels l'UE peut jouir de relations d'étroite coopération") tout comme le plan inspiré par les Américains pour un "Nouvel Moyen-Orient", avait été promue pendant certaines années et maintenant pour un un complet réaménagement de la région à travers des frontières retracées, des interventions étrangères dans les affaires intérieures des Etats, le renversement des gouvernements " qui ne sont pas des amis" et la stimulation des conflits religieux et ethniques. Cela inclut l'escalade militaire dans la région par l'OTAN, l'UE et Israël, au moyen du renforcement de leur présence militaire en Méditerranée , la densité de leurs manoeuvres militaires navales et aériennes; d'une nucléarisation plus avancée et l'utilisation de bases militaires et d'espions.
C'est pourquoi notre région est constamment ciblée par l'OTAN. Comme chacun le sait, dans notre région sont situés des parties clés du commandement général de l'OTAN, de bases navales, de missiles terrestres, un centre d'entraînement de la marine, des parties d'un bouclier pour missile, l'OTAN a conduit une opération pour patrouiller en Méditerranée '"Active Endeavour" (effort actif), alors que maintenant - sous le prétexte d'un engagement pour la gestion des flux de réfugiés- l'OTAN est installé en Mer Égée. Deux programmes de satellites militaires et civils, principalement le "Dialogue Méditerranéen" et "l'initiative d'Istanbul de Coopération" sont ciblés pour notre région.
Finalement, la dimension Maritime de la Sécurité commune et de la politique de défense de l'UE a aussi promu la militarisation des mers , avec une accent particulier dans l'Est de la Méditerranée. Ce n'est cependant pas une coïncidence que - comme l'a annoncé l'Assistant du Secrétaire-général de l'OTAN il y a dix jours - au prochain Sommet de l'OTAN des décisions seront approuvées au sujet des frontières sud de l'Alliance. L' OTAN a-t-il dit d'une manière caractéristique intensifiera ses efforts pour "étendre la stabilité" au Moyen-Orient et en Afrique du nord. "pour aider ses partenaires de l'OTAN dans la région et renforcer leur défense".
Notre propre pays, Chypre, est aussi situé dans cet espace, qui sans compter est aussi l'une des victimes les plus tragiques de l'OTAN. L'OTAN a toujours eu pour objectif permanent de transformer notre île en un "impénétrable territoire porteur d'une force aérienne" qui fonctionnerait en raison de sa position géostratégique, comme une base d'espionnage et une base navale contre les peuples du Moyen-Orient. La tragédie dont a été victime notre peuple l'été 1974, avec le coup d'Etat de la junte fasciste de Grèce qui a fourni le prétexte de l'invasion à la Turquie et la poursuite - à ce jour- de l'occupation et de la division de notre île, fut élaborée et planifiée au quartier général de l'OTAN. L'objectif primordial fut la division de notre île en une partie grecque et une turque et pour unir chacune d'elle avec les deux OTAN soi-disant "mères patries" principalement la Turquie et la Grèce. La lutte de notre peuple contre l'occupation turque, contre les bases étrangères britanniques qui existent à Chypre depuis 1960 et notre lutte pour une démilitarisation complète de l'île est essentiellement une lutte contre l'impérialisme OTAN.
En même temps, l'attitude déterminée et militante du mouvement de la paix et de la gauche de Chypre contre toute pensée d'un engagement de l'OTAN dans le problème cypriote et l'accession de Chypre dans une autre OTAN ou le soi-disant Partenariat pour le programme de paix, un tel développement a été empêché- pour le moins pour le moment. Le fait que la République de Chypre est le seul Etat membre de l'UE qui ne participe pas à une autre OTAN ou le soi-disant Partenariat pour le programme de la paix constitue un gain pour le peuple de Chypre que nous devons conserver et préserver. Notre ferme position fut et reste "Ni OTAN à Chypre, et ni Chypre dans l'OTAN". Notre but est de poursuivre la lutte ensemble Cypriotes Grecs et turcs à la fois pour une patrie libre et réunifiée, libérée de l'occupation de la Turquie, afin qu'ensemble nous réalisons l'abolition de l'héritage colonial des bases britanniques à Chypre.
Avec ces pensées, chers amis, je voudrais affirmer le besoin de cibler l'activité du mouvement international de la paix, dirigé par le Conseil Mondial de la paix, les forces progressistes et les citoyens sur deux axes particuliers, autour desquelles de larges forces peuvent se rassembler.
Premièrement des initiatives devraient être entreprises pour promouvoir notre revendication pour une convocation immédiate d'une conférence des Nations Unies avec l'objectif de déclarer le Moyen-Orient zone sans armes nucléaires et sans d'autres armes de destruction massive. A Chypre, à l'initiative de AKEL, une résolution unanime a été adoptée par la chambre des représentants sur cette question, qui est une arme importante dans notre lutte.
Deuxièmement, dans toute l'Europe des campagnes larges devraient être organisées, pour demander la dénucléarisation de l'Europe, le retrait de toutes les armes nucléaires des territoires européens et la fermeture des bases militaires étrangères, combinées avec le combat contre le couple toujours plus profond OTAN-EU.
Chers frères,
Avec ces pensées dans l'esprit, nous remercions principalement les organisateurs de cette conférence pour l'opportunité qu'elle offre au Conseil Cypriote de la paix de participer à ce débat. Nous sommes confiants que la discussion qui se poursuit sera menée dans la lutte pour la paix, pour les droits des peuples et pour la fin du système qui est à l'origine des guerres et des réfugiés.
(Source: Solidnet- traduction de l'anglais par la rédaction du Lien)