Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le lien

PADS, Algérie, Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme, Parti des communistes d'Algérie

Parti communiste Turquie : Déclaration sur le coup d'Etat en Turquie

Publié le 20 Juillet 2016 par Lien-pads in 7- INTERNATIONAL - Moyen Orient

 

Déclaration du Comité central du Parti communiste, Turquie, de juillet 2016

 

 

1. Le 15 juillet, la tentative de coup d'Etat n'a pas eu pour objet un conflit idéologique opposant des centres entre eux, mais il a impliqué au moins deux ou plus de cliques de l'Etat, qui ont des identités et des idéologies  de classe identiques. Il n'est pas possible que ces cliques furent totalement ignorantes de leurs plans et actions respectifs tout comme il est impossible de les dissocier. Cependant, la tentative du 15 juillet ne fut  pas un  scénario sanglant totalement planifié par Erdogan comme il a été ainsi déclaré, mais c'est un coup d'Etat réel. 

 

2. Il y a deux dimensions sur la voie menant au coup d'Etat. La première, est "le combat pour le pouvoir" entre les soutiens de Erdogan et ceux de la communauté de Gülen. Il a gagné une nouvelle dimension après la large purge des supporters de Gülen. Ce combat  s'approfondit  toujours plus dans un contexte à la fois politique et économique. Il y a aussi une dimension internationale et différentes tendances au sein des centres impérialistes qui soutiennent ces factions. 

 

3. C'est une réalité que la plupart des officiers qui ont participé à la tentative du coup d'Etat sont membres de la communauté de Gülen et il est bien connu qu'elle a de profondes et fortes relations aux USA. L'opinion sait,  depuis que la Turquie a des relations militaires étroites avec les USA et qu'elle est membre de l'OTAN, les coups d'Etat en Turquie ne peuvent pas être effectués sans le consentement des USA. Et  la principale raison que les membres haut placés des Forces Armées Turques (TSK) qui sont mécontents de l'AKP n'ont pas tenté un quelconque coup d'Etat, quand le soutien des Etats-Unis  était accordé au gouvernement de l'AKP. 

 

4. Ce soutien a été réduit récemment pour diverses raisons. Certains éléments  qui étaient du côté des USA et de certains pays européens, ont commencé à se préparer à une purge d'Erdogan. Le soulèvement du peuple en 2013 avec la participation de millions de personnes, les effets malveillants sur l'intérêt du système de la tension qui a été créée dans la société par Erdogan et finalement la faillite de la politique Syrienne ont affecté profondément les relations entre Erdogan et certains pays impérialistes. Il n'est pas possible d'étudier la tentative du Coup d'Etat du 15 juillet sans prendre en compte cette tension. 

 

5. Les conspirateurs du Coup d'Etat qui avaient des relations à l'étranger ne font pas d'Erdogan un patriote ou un anti-impérialiste. Comme politicien, Erdogan a largement servi les USA et les monopoles internationaux et maintenant il met en place certaines alliances et manoeuvre afin de sauver sa personne comme un politicien qui perd sa grâce parmi les puissances qui l'ont soutenu pendant des années. Son approche à tel ou tel centre international ne change pas son caractère confessionnel et ses préférences idéologiques. Recep Erdogan est un politicien bourgeois, il est un ennemi de la classe ouvrière, il est un contre-révolutionnaire et il n'est pas différent des conspirateurs du coup d'Etat  qui veulent le renverser.

 

6. La tentative de Coup d'Etat, en regardant les puissances qui sont derrière, les méthodes qui ont été utilisées et les fondements idéologiques, ne sont sur aucun point  pour l'intérêt du peuple. L'opinion, que le pays serait sorti des difficultés si le coup d'Etat avait été réussi est sans fondement. Il est évident,  ce que signifierait  un coup d'Etat pro-Américain, hostile au peuple. 

 

7. C'est aussi insensé de présenter la répression du Coup d'Etat comme une victoire du peuple et/ou de  la célébrer comme une fête de la démocratie menée par l'AKP. C'est une approche qui ne remet pas en question la légalité du régime de l'AKP et qui ignore les fondamentaux de classe des choses qui se déroulent dans notre pays. 

 

8. L'argument qui déclare que Erdogan a gagné plus de pouvoir après cette tentative de Coup d'Etat est vrai jusqu'à une certain point. Sans aucun doute, Erdogan a eu la chance d'infliger un coup dur à la communauté de Gülen, il s'est présenté lui même comme une victime plus d'une fois, il a consolidé son emprise et il a testé la puissance de certaines organisations associées à lui. Cependant il a terminé avec un appareil d' Etat sérieusement endommagé et il a aussi à faire face à l'inexistence   d'aucune bureaucratie sûre à cause des cliques intégrales transitoires. 

 

9. Sous ces circonstances Erdogan peut totalement préférer de s'en tenir à ses propres sources au sein des deux corps critiques de l'appareil d'Etat, les Forces Armées Turques (FAT) et judiciaires, et il préfère purger non seulement les membres de la  Communauté Gülen mais aussi certains éléments Kémalistes qui ont eu recours à une alliance avec eux. Il y a de sérieuses difficultés de s'en tenir totalement à ses propres sources dans l'Armée et la Justice même si c'est relativement plus facile dans certaines autres parties de la bureaucratie. Erdogan ne peut pas effectuer ce mouvement réel - qui signifie de ralentir clairement un Etat islamique- sans éviter de s'impliquer dans une revanche finale et absolue à la fois aux niveaux politique et social. D'un autre côté Erdogan n'a aucun autre chemin pour consolider sa propre emprise. 

 

10. Il est possible que Erdogan ira vers un effort  pour raccommoder les relations avec les USA et pour réduire la tension intérieure  après une courte période de terreur et d'intimidation.  Il y a déjà certains signaux qui montrent qu'il est prêt pour ces pas. Les espoirs du CHP et de HDP sont dans cette direction. La difficulté pour cette option est que Erdogan ne sera  pas en mesure de continuer à faire des politiques sans tension et ouverture d'un espace pour ses éléments radicaux. L'opposition au parlement n'a pas actuellement de problème avec Erdogan et l'AKP. 

 

11. Dans chaque situation il y a une dissolution et une crise multidimensionnelle  au sujet de l'hégémonie du Capital. Ce n'est pas cette dissolution mais l'état de désorganisation de la classe ouvrière, qui est actuellement dangereuse.

 

12.  Un autre danger est l'opinion, qui est devenue populaire après la tentative de Coup d'Etat, qui dit que Erdogan est invincible. Des scénarios  effrayants avancent avec cette opinion et un environnement de panique est créé  avec des nouvelles spéculatives certaines d'entre elles ne sont pas réelles. Le gouvernement de l'AKP a toujours été dangereux et il est clair qu'il est maintenant encore plus dangereux. De plus l'environnement de panique qui est créé, rend légitime l'agression de l'AKP. Cependant aussi bien l'AKP et Erdogan ne sont pas puissants quand ils déclarent que la Turquie ne peut être achevée ni noircie en une minute. Par exemple, durant et après la "célébration" des moments le nombre de supporters de l'AKP étaient peu nombreux dans les rues en dépit des appels pour les célébrations. La juste position est, est d'être avisé du danger mais de ne pas causer une panique, et au contraire d'essayer d'évaluer cette dissolution du point de vue de la classe ouvrière. 

 

13. AKP et la menace fondamentaliste ne doivent pas être sous-estimés. La période a commencé avec la phrase "la laïcité n'est pas un danger" apportée au pays  au bord de l'abysse. Il y a une mission pour  la meilleure et plus efficace opposition organisée du peuple contre cette considérable menace. Cette mission ne peut pas  être remplie en créant la panique après toutes ces années de rassemblements nébuleux. Il n'est pas acceptable que l'opposition au système s'empare de sa négligence passée en créant une panique. 

 

14. Sous ces conditions le principal pouvoir de l'AKP et d'Erdogan demeure être ses adversaires dans le système politique. Les politiques du système ont créé toutes ses politiques basées sur une  normalisation,  une  transformation, une convaincante  AKP. Elle est remarquable et inquiétante l'attitude de certains politiciens qui déclarent il y a une aile "gauche" au parlement. 

 

15. Les expériences durant et après le 15 juillet ont montré combien cruels peuvent être les factions dans le gouvernement. Nous avons tous observé comment les conspirateurs du Coup d'Etat peuvent rendre leur chemin cruel. Ensuite nous avons vu la barbarie  mise en scène par le gouvernement. Tout ceci ne peut être manipulé par l'approche de "laissez-les s'entre-tuer". Le nombre de citoyens  tués est inconnu  et les soldats  dont nous n'avons aucune idée ce qui se passe et si ils ont été lynchés. Le peuple doit prendre en compte toutes ces actions illégales, lynchage, tortures envers les suspects et les personnes qui se sont rendus et les dirigeants de ces deux factions qui ont coopéré ensemble pendant des années en se combattant entre eux maintenant ils devront répondre ensemble au public. 

 

16. Ce n'est pas correct d'expliquer toutes ces cruautés avec la "force". Au contraire il y a  dissolution,  peur et  confusion du côté du gouvernement. L'extension de la peur ne peut être seulement dépassée que par des pas fermes, solides et efficaces mais pas avec des actions non planifiées et stupides. Et cette dissolution peut être transformée en une opportunité pour le peuple. 

 

17. Comme nous le soulignons toujours, la Turquie ne peut sortir des bois que par la lutte de l'ensemble de la classe ouvrière contre la classe hégémonique présentée par les sombres pouvoirs  mais pas en dansant  avec eux. Nous refusons toutes sortes d'analyses et positionnements qui ignorent cette réalité.  Il est évident que les communistes ne donnent pas de crédit au charlatanisme de la victoire des pouvoirs démocratiques et qui disent avec ruse que tous se sont mis  ensemble contre Erdogan. Il y a certains qui créent la panique parmi le peuple  en déclarant  " les supporters de  la charria veulent nous couper la tête"  des pouvoirs démocratiques, et ceci peut encore montrer la dimension de la confusion. Nous disons  encore, nous ne serons jamais ensemble avec les représentants de la classe capitaliste, les coups d'Etat soutenus par les USA et l'OTAN  ou des agents des révolutions colorées. Ceci ne nous affaiblira pas, ce qui nous affaiblira c'est l'état désorganisé de la classe ouvrière et qu'elle ne suive pas les solutions prises. 

 

18. Il y a un besoin d'être compris encore une fois comment l'hostilité à  " s'organiser" a créé une brèche du côté du peuple, quand les gangs de la Communauté de Gülen qui étaient en place au gouvernement, les groupes d'intérêts, les éléments déclencheurs et même la maffia étaient très bien organisés dans le pays. Si nous allons plus loin, nous dirons que ceux  qui sont du côté des idéaux humanitaires , pour une société sans classes et sans exploitation doivent agir ensemble dans une pensée commune, une organisation durable. Il est déclaré qu'il y a un ennemi du peuple à ne pas suivre, légaliser l'insouciance et la paresse. Il est nécessaire de s'organiser, d'encourager et de renforcer l'organisation de classe qui est libérée des sectes religieuses, du fondamentalisme, des centres capitalistes et impérialistes. Ceux qui ont blessé le peuple ce sont les réactions non politisés, les masses inorganisées, et ceux qui visent ensemble sans objectifs avec l'expression du "pluralisme de Gezi" doivent avoir appris leur leçon. 

 

19. C'est le seul objectif du Parti communiste d'être une organisation révolutionnaire indépendante qui peut changer le rapport des forces dans le pays, qui peut gâcher le jeu à de tels coups d'Etat des nuits ou les campagnes  réactionnaires de lynchage. Et notre ultime appel pour nos travailleurs est d'avoir confiance dans leur pouvoir, de marcher ensemble et de prendre l'initiative d'arrêter la poursuite de cette jument de droite.

 

Comité central

Parti communiste 

 

 

(Source: Solidnet - traduction de l'anglais par la rédaction du Lien)