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Le lien

PADS, Algérie, Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme, Parti des communistes d'Algérie

Le combat de Josette Audin continue

Publié le 8 Février 2019 par Lien-pads

Elle est partie le 3 février à l’âge de 87 ans. Toute sa vie elle a lutté pour que l’Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l’assassinat de son mari en 1957.

 

Membre du Parti communiste algérien, Maurice Audin a été arrêté chez lui tard dans la nuit du 11 juin 1957 par un détachement de paras chargés de traquer et de liquider tous ceux qui luttaient, avec ou sans armes, pour l’indépendance de l’Algérie. Après avoir été torturé il est mis à mort. Ses bourreaux ne réussirent à lui arracher aucune information sur les refuges de ses camarades activement recherchés pour leur participation à la guerre de libération déclenchée par le Front de libération nationale le 1er novembre 1954.  Son corps n’a pas été retrouvé à ce jour. Ceux qui l’ont supplicié n’ont jamais accepté de révéler le lieu où ils l’avaient enterré. Les services de propagande de la soldatesque coloniale tentèrent de camoufler leur crime par un simulacre d’évasion prétendant qu’il avait « disparu ». Le martyre de Maurice Audin fut aussi celui de milliers d’autres Algériens « disparus » qui payèrent de leur vie l’abolition de l’ordre cruelle du colonialisme pour l’avènement d’une nation libre.

 

La lutte inlassablement menée par Josette Audin depuis cette nuit de juin 1957 s’est transformée en lutte pour dénoncer la barbarie colonialiste. Convergeant avec l’action anticolonialiste du Parti communiste français, de nombreux Français indignés par ces méthodes se mobilisèrent après la parution de « La question » de Henri Alleg, lui aussi torturé, pour réclamer la vérité et dénoncer les exactions de l’armée française. Des intellectuels de renom n’hésitèrent pas à braver les interdits et les intimidations des partisans acharnés de l’ordre colonial.

 

Soutenue par les communistes et les progressistes français, l’action inlassable de Josette Audin durant 60 ans a empêché les défenseurs du système colonial de dormir d’un sommeil tranquille. Elle a eu un grand retentissement en obligeant les admirateurs de la République des Droits de l’Homme à se déterminer. Grâce à elle la jeunesse française, à qui les manuels d’histoire ne disent rien sur la barbarie coloniale et la répression cruelle de la lutte de libération, en sait aujourd’hui un peu plus sur les crimes de l’impérialisme de son pays.

 

61 ans après, le 14 septembre 2018, le chef de l’Etat français se rendit au domicile de Josette Audin à Paris pour lui demander « pardon » au nom de la République française. Macron reconnut le crime. Mais il l’imputa simplement à « un système dont les gouvernements successifs ont permis le développement ». Une formule alambiquée qui ne sert qu’à masquer les racines profondes de la barbarie coloniale. Ces racines plongent dans le régime d’exploitation même de la France. Les hommes qui ont permis ou accompli ces crimes abominables l’ont fait en tant que serviteurs d’un système économique et social portant dans ses entrailles les pires crimes qu’ils n’hésitent pas à commettre, encore et encore, sous les enseignes les plus diverses. La satisfaction des appétits insatiables d’une bourgeoisie à la recherche des plus gros profits et d’un enrichissement sans fin, est l’unique mobile de leur action politique.

 

Il serait naïf d’attendre du dirigeant de l’une des plus grandes puissances impérialistes qu’il aille jusqu’à mettre en accusation le système bourgeois dont il n’est que le « fondé de pouvoir ». Ce régime a pour fondement l’exploitation des travailleurs français mais aussi la domination par le fer et le sang des peuples soumis au régime colonialiste, perpétué aujourd’hui, après la « décolonisation », par les méthodes économiques indirectes de l’impérialisme ou par ses interventions militaires sous couvert de « devoir humanitaire ».

 

Les paroles de Macron, l’hommage rendu à Josette Audin après sa mort, ne sont qu’une manoeuvre politique aux objectifs clairs pour qui se donne la peine de rattacher les discours hypocrites des politiciens bourgeois aux intérêts de classe qu’ils défendent tant au plan national qu’international. Il ne s’agit pas seulement de tromper les nouvelles générations issues d’immigrés venus des anciens pays colonisés pour les pousser à soutenir les aventures menées sous de nouveaux prétextes par les gouvernants français.

Il s’agit surtout de faire croire que la France n’est plus un pays impérialiste mais une nation guidée par de nobles principes humanistes. Ses interventions à l’extérieur ne seraient désormais mues que par la « défense des droits de l’homme ».

En Libye, en Syrie, en Ukraine, au Venezuela, au Congo ex-belge, ou au Tchad et en Côte d’Ivoire, etc., et peut-être un jour en Algérie, elle a pour seule préoccupation de délivrer les peuples de leurs dictateurs ou à l’inverse de consolider les « régimes démocratiques ». Et pas de perpétuer la domination économique de ses oligarchies multinationales ou de reprendre en main les richesses de ces pays.

 

Une grossière logomachie qui a pour seul but de justifier les ingérences militaires dans les pays qui résistent à la domination impérialiste. Elle ne trompera que ceux qui veulent bien être trompés ou qui y trouvent leurs intérêts en contribuant à perpétuer une domination responsable de la misère, des inégalités, du désespoir et de l’arriération économique.

 

Accuser le capitalisme et pas seulement ses politiciens interchangeables, telle est la tâche des continuateurs du combat admirable de Josette Audin. C’est le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre.

 

Nos condoléances à toute sa famille.