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Le lien

PADS, Algérie, Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme, Parti des communistes d'Algérie

8 janvier 2015 : Le dernier voyage de René Vauthier

Publié le 15 Janvier 2015 par Lien-pads in 9- INTERNATIONAL - Europe

 

        8 janvier 2015. Saint Malo. Le dernier voyage de René Vautier.

 

Il n’est pas courant d’entrer dans un crématorium au son de l’Internationale. Ni d’entendre un «maître  de cérémonie», aussi bien en préambule qu’en conclusion, parler avec autant de conviction du défunt. Comme si il avait lui-même partagé et approuvé le parcours de militant du «petit homme blanc à la caméra rouge».

 

Le crématorium de Saint-Malo n’était pas assez grand pour accueillir ceux qui étaient venus de toute la France, et surtout des départements de l’Ouest, afin de rendre hommage à l’ami René Vautier. Environ 300 personnes, dont beaucoup de têtes chenues ayant sans doute partagé les combats de René depuis les années 50, mais aussi des jeunes, car le message de paix et de liberté porté par René traverse les générations.  Daniel Dayot et moi -modeste représentation de 4acg- accompagnions notre ami Mehdi Lallaoui, présent avec d’autres professionnels du cinéma.

 

Ce fut un grand moment d’émotion lorsqu’un neveu de René , lut la seule lettre, inédite, que le cinéaste avait envoyée à sa mère lorsqu’il purgeait vingt-cinq mois de captivité, en Tunisie, dans une prison du GPRA. Il lui rappelait un passé d’éclaireur et de résistant qui l’avait convaincu de ne «plus jamais porter une arme». Il avait donc passé six mois dans le djebel avec comme seule arme: sa caméra, afin de montrer les combats des maquisards de l’intérieur...avant d’être enfermé par les responsables FLN... de l’extérieur.  Un épisode que l’histoire algérienne occulte puisque sans rancune il monta ensuite ses prises de vue et donna au nouveau pays ses premiers témoignages filmés de la guerre d’indépendance avant d’organiser sa production cinématographique.

 

C’est pourquoi l’ambassadeur d’Algérie en France était présent à Saint Malo avec la télévision nationale algérienne. Pour nous délivrer des messages du Président Bouteflika,  du ministre des Moudjahidines et du gouvernement algérien. Pour apporter aussi - mieux vaut tard que jamais - une médaille de reconnaissance du peuple algérien. Un service commandé qui semblait manquer de chaleur.

 

Moins formel,  Ahmed Rachedi, l’auteur de «l’Aube des damnés», n’avait pas hésité à venir d’Algérie saluer une dernière fois, celui qui fut son maître en cinéma à l’aube de l’indépendance.

 

Heureusement durant ces discours et tous ceux qui suivirent la famille avait eu la bonne idée de présenter en boucle un diaporama montrant dans le désordre les grandes étapes de la vie de René:  tournages, photos de famille, participation à des manifestations....dont, clin d’œil sympathique, le soutien de 4acg le 17/11/2009 sur les marches du Parlement de Bretagne....

 

Plusieurs organisations avaient tenu à exprimer un hommage particulier.  C’est ainsi que le responsable du PCF local a lu un message de Pierre Laurent rappelant avec pertinence toutes les censures et destructions dont les films de René avaient fait l’objet. Le représentant de la ville de Quimper raconta la grève de la faim victorieuse de René, à Quimper, contre la censure du cinéma national. La CGT de St Nazaire lui rendit également hommage à propos de deux films qu’il y tourna sur des mouvements sociaux. Enfin le représentant du Mouvement de la Paix rappela les combats de René, en particulier contre l’armement nucléaire, avant de présenter les amitiés de Simone de Bollardière qui n’avait pu se joindre à la cérémonie.

 

Entre ces prises de parole, les chansons que le cinéaste appréciait vinrent augmenter l’émotion de l’assistance. Comme cette référence à la guerre d’Algérie, dans le film «Avoir vingt ans..» et que les membres de 4acg partagent certainement:

 

« Fous pas ton pied dans cette merde, c’est une vraie histoire de fous...»

 

ou encore ce refrain de Jean Ferrat:

 

« C’est un joli nom Camarade...c’est un joli nom tu sais...»,  qui nous rappelle que durant sa vie entière René conserva une stature de militant devant laquelle on ne peut que rester humble.

 

Quelqu’un rappela, avant un dernier adieu  de l’assistance, qu’ André Malraux aurait déclaré:

«Vautier, un français qui a vu juste avant les autres». On ne s’attendait pas à un tel hommage !

 

 

9 janvier: j’ouvre le journal local. Malgré la présence d’un ambassadeur, aucune allusion à cette cérémonie pourtant exceptionnelle.

Partir au son de l’Internationale , ne fait pas partie des  bonnes manières...!

 

 

Hubert Rouaud