"Nous irons à l’élection présidentielle que le temps soit pluvieux ou ensoleillé", a déclaré le Président vénézuélien Maduro au cours d'une conférence de presse qui s'est déroulée le 15 février au Palais Miraflores de Caracas. Disons plus franchement que le temps reste encore pluvieux pour le Venezuela où la bourgeoisie, en alliance avec l’impérialisme n'a pas désarmé et ne désarmera pas tant qu'elle dispose des leviers économiques et financiers, de la propriété des moyens de production et d’échanges. Son pouvoir économique, industriel, financier, bancaire et commercial, que le « socialisme bolivarien du 21 ème siècle » n’a pas touché en plus de 18 ans de discours « révolutionnaires » enflammés, lui permet non seulement de dresser des obstacles dangereux qui gênent et freinent la mise en vigueur ou l'application de mesures sociales favorables à la satisfaction des besoins vitaux des couches laborieuses, mais aussi de remettre complètement en cause leurs acquis.
Au cours de cette même conférence de presse, Maduro a également révélé que les efforts de son gouvernement pour obtenir un accord avec une partie de l'opposition lors des discussions qui ont eu lieu avec ses représentants à la rencontre de Saint-Domingue n'ont pas eu le résultat escompté. Cette opposition a pourtant accepté au cours des discussions les garanties formulées par le gouvernement vénézuélien du déroulement du scrutin. Mais elle a refusé de signer l'accord, sans doute par crainte de se couper de sa base sociale qui détient des moyens économiques et financiers lui permettant encore de renforcer ses moyens pour le renversement du régime actuel. Au cours de sa récente tournée en Amérique latine, le Secrétaire d'Etat Rex Tillerson avait entrepris de resserrer les rangs des pays d'Amérique du sud les plus inféodés aux USA pour intensifier les préparatifs d’une intervention directe au Venezuela, au moment même où se déroulaient les discussions de Saint-Domingue. Le plan d’action mis au point dans ce sens a certainement pesé sur la décision de cette opposition. Elle a changé de tactique en refusant au dernier moment de signer tout accord en vue de sa participation à l’élection présidentielle. Cela montre combien les hésitations du gouvernement Maduro pour s'attaquer au pouvoir économique de la bourgeoisie, en la dépossédant de ses atouts par la nationalisation, l’encouragent dans ses opérations de sabotage économique et dans son offensive politique pour reprendre le contrôle direct du pouvoir. Des divergences sur ces questions traversent le Parti Socialiste Unitaire du Venezuela et les sphères dirigeantes du pouvoir actuel dans ce pays.
La situation dans ce pays montre à l’évidence que le réformisme a atteint ses limites en raison de la crise profonde ( de suraccumulation des capitaux) qui traverse tout le système capitaliste international. La bourgeoisie tente de la régler par une contre-offensive générale dont les axes principaux sont la baisse des salaires, l’allongement de la durée du travail, la baisse de la fiscalité au profit des grands monopoles capitalistes, les privatisations, le contrôle des sources d’énergie. Le problème fondamental auquel le Venezuela est confronté est : ou le passage à la révolution socialiste ou la régression sociale et politique, et même un coup de force fasciste orchestré par les USA de concert avec les éléments les plus réactionnaires de la bourgeoisie. Le sort des travailleurs dépend dans ce pays de la solution qui sera apportée aux deux termes de cette alternative dans les luttes.
Dans une interview au quotidien français "l'Humanité" le sociologue argentin Marco Terrugi note que : "L'encerclement économique vise le Venezuela à renégocier sa dette et à créer, ainsi les conditions pour qu'il soit en défaut de paiement. Sur le plan géopolitique Caracas cherche à construire un bloc alternatif autour de la Russie et de la Chine afin de garantir des importations". Le sociologue poursuit ensuite sur les problèmes internes comme celui de la corruption, la baisse des cours du pétrole, les entreprises productrices d'aliments aux mains des capitalistes, et le fait que 65 % des dollars collectés par l'Etat grâce à l'industrie pétrolière sont mis à la disposition du secteur importateur privé, etc ...
Ces développements dangereux pour les travailleurs et les masses populaires sont pris très au sérieux par le Parti communiste vénézuélien qui tiendra une conférence nationale avant l’élection présidentielle du 22 avril. Deuxième parti du camp qui soutient Maduro après avoir soutenu Chavez, avant sa mort malgré leur tendance à le marginaliser, et troisième parti de cette alliance par le nombre de voix qu'il a obtenu aux dernières élections municipales, le Parti communiste vénézuélien s'apprête à examiner la question du maintien ou non de son soutien critique au gouvernement chaviste afin de créer une alliance prolétarienne-paysannerie pauvre et petite bourgeoisie. Selon le Parti communiste révolutionnaire de France, le PCV s’efforce de créer « un nouveau rapport de forces entre les secteurs opposés organiquement à l'impérialisme et au grand capital. Une configuration dans laquelle la classe ouvrière, qui connaît au Venezuela une organisation plus développée que dans la plupart des pays capitalistes, et qui serait à l'avant-garde du processus de développement des forces productives et de leur postérieure socialisation».
Les communistes algériens et leur Parti, le Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme, suivent avec une attention soutenue les développements au Venezuela. Ils manifestent résolument leur solidarité internationaliste à la classe ouvrière, aux couches populaires, aux forces révolutionnaires de ce pays, le Parti communiste vénézuélien afin de battre la réaction capitaliste et impérialiste dans leurs tentatives d'écraser le mouvement populaire et ses aspirations légitimes à une vie sans exploitation, sans oppression et ingérences étrangères, de paix et de vie digne. Cela passe nécessairement par le renversement des bases économiques et politiques de la bourgeoisie.
Article de la rédaction du Lien
24 février 2018