Ci-dessous nous publions une contribution présentée par le Parti communiste de Grèce (KKE) au séminaire organisée par le Parti communiste de l'Inde consacrée "aux mouvements sociaux émergents et les tâches de la gauche" qui s'est déroulée les 10 et 11 août 2014 à New-Delhi:
Chers camarades,
Nous aimerions remercier le PC de l'Inde qui nous donne l'opportunité" de présenter les positions du KKE au séminaire auquel pour des raisons objectives nous ne pouvons pas assister.
Dans chaque région du globe, dans chaque Etat capitaliste il y a une pléthore de données qui mettent en évidence la nécessité d'un effort commun pour étudier les facteurs fondamentaux qui déterminent le développement. Ce qui est encore plus nécessaire c'est la discussion entre les Partis communistes sur le chemin, l'orientation de la lutte que nous devons suivre pour une intervention efficace dans les développements afin de représenter dignement les intérêts de la classe ouvrière, des couches populaires jusqu'à la victoire.
En jetant un coup d'oeil rapide sur les développements nous pouvons noter ce qui suit:
Premièrement: Il y a de sérieux points chauds de guerre qui existent, comme en Ukraine, Libye, Irak, l'offensive criminelle d'Israël contre le peuple Palestinien etc..
Deuxièmement: Dans l'ensemble des Etats capitalistes, à la fois dans la phase de développement et davantage encore dans les conditions de la crise quand le capital devient plus agressif, la classe ouvrière et les couches populaires souffrent, faisant face à des niveaux de chômage élevés, à la pauvreté, à l'abrogation des droits élémentaires au travail, à un salaire, et à la sécurité sociale.
Sur les bases de cette situation, une conclusion fondamentale peut être dégagée:
Le capitalisme à sa phase impérialiste finale devient constamment plus dangereux.
La compétition entre impérialistes pour le contrôle des marchés et des ressources naturelles s'aiguise; des guerres locales, régionales sont déclenchées, et le danger d'une guerre impérialiste généralisée est encore actuelle.
L'accentuation de la contradiction fondamentale entre le caractère social de la production, d'un côté le travail et de l'autre côté l'appropriation capitaliste des résultats (parce que les moyens de production sont aux mains des capitalistes) se trouve derrière la crise de la suraccumulation du capital que les peuples de nombreux pays expérimentent.
Aussi longtemps que le pouvoir et les moyens de production sont dans les mains du capital et sans tenir compte de la forme de gestion, qu'elle soit appelée libéral, social-démocrate, ou de "gauche", les profits de la majorité des groupes affairistes continueront à être le critère pour le fonctionnement et le développement du système, ensemble avec l'augmentation de la plus value, du travail impayé de la classe ouvrière; du maintien de l'intensification de l'exploitation du travail par le capital.
Dans ces conditions la discussion doit être orientée autour de la solution fondamentale, de la contradiction fondamentale, qui au niveau social est exprimée dans la contradiction entre travail et le capital. La résolution de cette contradiction constitue ou devrait constituer, à notre ère, les fondements dans la formation de la stratégie des PC, à l'ère du passage du capitalisme au socialisme, que la Grande Révolution Socialiste d'Octobre 1917, en particulier, a mise au monde au commencement du siècle précédent.
Quand nous parlons de la résolution de la contradiction capital-travail comme une première condition pour des changements profonds, radicaux, nous mettons en évidence la nécessité de la résolution du problème central, le problème du pouvoir.
C'est une question cruciale qui est liée au rôle de la classe ouvrière qui est le sujet de notre ère et cela est déterminé par sa position objective dans la production, en tant que classe exploitée, qui ne possède pas les moyens de production et qui vend sa force de travail, sa capacité de travailler, dans le but de vivre.
Pour être précis, la mission révolutionnaire historique de la classe ouvrière et sa préparation pour le renversement du système d' exploitation capitaliste et de la construction du socialisme sont les questions fondamentales pour les Partis communistes qui sont l'avant-garde consciente de la classe ouvrière.
Certes, en tenant compte de la présence et du rôle des couches intermédiaires de la ville et de la campagne, nous devons examiner attentivement la politique d'alliance politique afin que l'effort de concentration des forces contre les classes bourgeoises soit renforcé, de concentration contre les monopoles qui ont le pouvoir et entre leurs mains la propriété des moyens de production.
Après avoir rejeté en 1996 la logique dommageable des "étapes" qui limitent la lutte au terrain du capitalisme, le KKE lutte pour le renversement du capitalisme. Il a défini le caractère de la révolution comme étant socialiste dans son programme (parce que la résolution de la contradiction entre le capital et le travail est nécessaire à l'ère de l'impérialisme) et il a créé une orientation de rassemblement et de lutte dans le but d'unir pour la construction de l'Alliance populaire l'ensemble les forces populaires en mettant en évidence l'alliance de la classe ouvrière avec les paysans pauvres et les couches populaires intermédiaires et opprimées urbaines, les artisans .
L'alliance de la classe ouvrière avec les couches populaires est une question cruciale. L'alliance politique, la concentration et la préparation des forces est déterminée par l'objectif stratégique du renversement de la barbarie capitaliste et ne peut pas être intégré dans les jeux entre les dirigeants politiques de l'opportunisme et de la social-démocratie qui ont pour but de gérer le système.
L'alliance sociale populaire a une orientation anti-capitaliste. Elle est anti-monopoliste et elle sera renforcée dans la lutte quotidienne qui concerne chaque problème populaire. Elle sera ajustée et sera préparée de sorte qu'elle puisse devenir capable de jouer le rôle dirigeant dans la situation révolutionnaire ( qui a un caractère objectif et chaque parti doit se préparer pour elle), au soulèvement populaire pour le renversement de la barbarie capitaliste.
Nous avons à faire à la question des "mouvements sociaux" sur les bases du rôle d'avant-garde de la classe ouvrière et de son alliance nécessaire avec les paysans et les artisans, la jeunesse et les femmes des familles populaires et nous désirons noter ce qui suit:
Souvent l'opportunisme (qui exprime l'impact de l'idéologie bourgeoise sur le mouvement ouvrier) a tenté de rabaisser le rôle de la classe ouvrière et de présenter " les mouvements de classe transversaux" comme des sujets révolutionnaires ou de flatter la jeunesse qui n'est pas une classe ou une couche séparée.
Souvent il a tenté de présenter les mouvements qui limitent leur activité contre l'un ou l'autre aspect des politiques anti-peuple appliquées par les gouvernements bourgeois comme étant " radicaux". Mais en essence ces mouvements expriment les intérêts des sections de la classe bourgeoise qui ont choisi d'agir dans le cadre du capitalisme, en oeuvrant dans le cadre du capitalisme, en agissant pour désorienter la classe ouvrière et les couches populaires.
Le KKE a une position critique et très justifiée contre de tels efforts.
Par exemple
Dans les années récentes, le mouvement des "Indignés" s'est manifesté en Grèce, en Europe et dans d'autres régions du monde, avec des slogans contre la crise capitaliste. Mais ces slogans dissimulaient aussi son caractère capitaliste, les causes réelles qui lui ont
donnée naissance. Des exemples de cette orientation sont que les "traîtres" ou les "spéculateurs" ou "ceux qui ont été achetés" sont responsables de la crise. En Grèce ils utilisent le slogan très dangereux "dehors les partis et les syndicats des mobilisations", et ces mouvements ont été utilisés par SYRIZA qui est un parti social-démocrate. Ils ont pavé le chemin du renforcement de "l'Aube Dorée", une opposition réactionnaire qui a été stimulée contre le mouvement ouvrier organisé, ou encore des vues erronées qui ont prétendu qu'une gestion "patriotique" du système pouvait être salvatrice pour le peuple.
Un second exemple sont les dites " évolutions oranges" qui ont été utilisées en particulier dans les anciens pays socialistes de l'Est et du Centre de l'Europe et qui ont piégé les forces populaires à l'intérieur des plans des sections de la classe bourgeoise pour renverser des gouvernements bourgeois et pour promouvoir d'autres forces bourgeoises au gouvernement dans le cadre du soulagement de l'indignation populaire et de la perpétuation du capitalisme, avec le soutien et l'intervention ouverte des autres puissances impérialistes dans les affaires intérieures des pays.
Un troisième exemple est le "Printemps Arabe" qui a été utilisé comme un moyen de renverser des gouvernements anti-peuple, mais avec l'objectif d'installer des gouvernements bourgeois à leur place, dans le cadre des modernisations bourgeoises avec à l'arrière-plan des contradictions entre impérialistes au Moyen Orient et en Afrique du Nord.
Dans les récentes années il y a eu une discussion majeure au sujet de la "gauche" et des "gouvernements de gauche". En relation avec cela, permettez-nous d'être prudent sur le terme "gauche". Quand un pouvoir des forces de la social-démocratie et de l'opportunisme cachent avec ce terme la tentative de piéger les ouvriers avec des slogans superficiels anti-capitalistes.
Quel est l'élément de base? L'élément de base est la position de ces partis sur la question du pouvoir et de la propriété des moyens de production, leurs positions sur les unions impérialistes.
Dans la pratique il est démontré avec ces critères que ceux qui se proclament forces de gauche sont des forces pour la gestion du capitalisme. Ils s'expriment pour des sections de classes bourgeoises, comme SYRIZA en Grèce qui a défendu récemment que "la position de notre pays dans l'OTAN et l'Union Européenne ne peut pas être mise en question".
Maintenant nous avons une grande pratique de l'expérience des soi-disant "gouvernements de gauche". Nous ne jugeons pas les intentions mais nous pouvons prouver d'une manière détaillée que ces gouvernements, dans certains cas avec la participation de PC, non seulement n'ont pas contribué à la satisfaction des besoins contemporains du peuple mais ils sont devenus des instruments pour manipuler la classe ouvrière et les forces populaires. Ils ont géré le système capitaliste et les intérêts des monopoles. Ils ont conduit le mouvement ouvrier à des reculs et dans les conditions de l'aiguisement des problèmes du peuple ils ont été mis en faillite dans la conscience des forces populaires. Ils ont perdu le soutien et les forces conservatrices de la droite sont retournées au gouvernement. Cela a été démontré par les exemples de la France et de l'Italie, et dans d'autres pays.
Notre parti suit avec intérêt les développements en cours, en particulier en Amérique Latine; Il exprime constamment sa solidarité avec la lutte des Partis communistes et des peuples qui luttent. Nous ne sous-estimons pas les mesures qui limitent la pauvreté, sauvegardent les structures de base de la santé et du bien-être mais le problème est plus profond et concerne le maintien du pouvoir du capital et de sa propriété sur les moyens de production, et également le maintien des bases du système capitaliste et la perpétuation du régime d'exploitation de l'homme par l'homme. Notre opinion est que la question cruciale est le renforcement des partis communistes qui luttent en conflit avec le capitalisme pour le changement du rapport des forces en faveur des partis communistes et de la classe ouvrière et au dépens de la social-démocratie qui contrôle et manipule la situation. Le rapport des forces doit être changé contre le soit-disant raisonnable "socialisme du 21 ème siècle" qui dans l'essence n'a pas une relation au socialisme scientifique et au Marxisme-Léninisme. Il piège la conscience du peuple dans la logique d'une humanisation utopique du capitalisme.
Ces mouvements politiques qui soutiennent une "nouvelle architecture des relations internationales" opèrent dans le même cadre, la voix mortelle de l'amélioration et de la "correction" de l'impérialisme, en ignorant ce qu'est la nature des Etats ( capitalistes ou socialistes) qui créent ces relations internationales. Aussi nous estimons que les analyses concernant le soit-disant "Monde multipolaire" cachent l'essence de l'impérialisme, sa base économique qui est composée des monopoles et en conséquence la compétition pour promouvoir les intérêts des monopoles. C'est un fait qui est clairement apparent dans le rôle des BRICS. C'est une union entre des Etats qui sont capitalistes. Le KKE a combattu pendant des années les USA, l'OTAN et l'Union Européenne, qui est une union entre Etats du capital en Europe, mais nous appelons les peuples à examiner leurs propres intérêts qui n'ont rien à faire avec les intérêts qui sont promus par la classe bourgeoise au niveau national et dans les unions entre Etats au niveau international.
Indéniablement, les développements sont complexes et ils requièrent une étude prudente mais dans la persistance de l'utilisation du critère de classe pour les analyses, en utilisant notre vison mondiale dans le but d'ajuster la stratégie et les tactiques des Partis communistes aux besoins contemporains de la lutte de classe et aussi au maintien d'une claire direction pour la concentration des forces et pour la formation de la conscience de classe concernant le renversement de la barbarie capitaliste dans une situation difficile en raison de la corrélation négative des forces. La tentative d'incriminer la lutte pour le socialisme et les approches simplistes qui calomnient cette lutte, invoquant le "sectarisme", sont un problème sérieux parce que les analyses démodées ont dissimulé derrière cela, des analyses qui n'avaient jamais été confirmées nulle part et qui en essence perpétuent la raisonnable humanisation du capitalisme, en abandonnant la lutte pour le socialisme dans le "placard", en le traitant comme une question pour un vague et lointain avenir. Mais le socialisme est comme jamais actuel et nécessaire et cela est mis en évidence par le capitalisme, son exploitation et sa propre barbarie.
En conclusion, nous pouvons dire que sur les bases de l'expérience récente et passée les Partis communistes ont l'obligation de conserver d'une manière indépendante leur propre courant idéologique et politique, d'élaborer leurs stratégie et tactiques selon les besoins de notre époque, à l'ère du passage du capitalisme au socialisme en prenant en compte que le développement du capitalisme a conduit à la maturation des conditions matérielles préalables pour la construction d'un nouveau système social -économique, le socialisme.
Le renforcement de la classe ouvrière comme porteur de nouvelles relations de production et la lutte de classe qui est la force motrice du développement social a un rôle spécial dans la stratégie et les tactiques des P.C.
Cette approche répond aux besoins contemporains de la confrontation contre la classe bourgeoise et fournit la possibilité du renforcement de la lutte de classe, la lutte pour le socialisme qui est actuelle et nécessaire. Cette nécessité n'est pas du tout diminué par le renversement du socialisme en Union Soviétique et dans les autres pays socialistes où la contre-révolution fut victorieuse via un processus d'erreurs, la corrosion opportuniste du PC et la violation des lois fondamentales de la construction socialiste.
Chers camarades,
Au terme de notre courte contribution, nous désirons souligner que les communistes doivent examiner la question des mouvements sociaux à travers le prisme des analyses de classe et de l'approche de classe du phénomène social et des développements.
LA SECTION DES RELATIONS INTERNATIONALES DU CC DE KKE